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De l’élevage pour sauver les zones humides

Reportage dans le Marais Vernier en Normandie

En mai 2021, on a découvert cet espace naturel protégé magnifique où cohabitent vaches, chevaux, moutons, insectes, amphibiens, mollusques, oiseaux, etc. On a rencontré Thierry Lecomte, le conservateur de la réserve des Courtils de Bouquelon, dans le marais Vernier en Normandie. Et on vous amène avec nous à la découverte de cet écosystème fabuleux qui existe et perdure grâce aux herbivores.

Introduction

Thierry est écologue et le conservateur de la réserve naturelle des courtils de bouquelon en Normandie dans le Marais Vernier depuis plus de 50 ans.

Au fil des années et des recherches menées en étroite collaboration avec sa compagne, botaniste, il est devenu spécialiste de la gestion des milieux naturels par le biais du pâturage écologique en semi-liberté avec des races adaptées à ces écosystèmes très spécifiques.

Nous l’avons rencontré chez lui, en plein milieu de son marais (#SHREK) pour visiter cette réserve biologique où cohabitent insectes, amphibiens, oiseaux, moutons, vaches, chevaux et êtres humains… bien souvent les pieds dans l’eau.

Vous le verrez, cette zone humide portait particulièrement bien son nom à la saison où on y est allés… on a bien galéré. 😅

Vache Highland, Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

Le pâturage écologique et les mosaïques d’écosystèmes

On a commencé notre visite privilégiée par une petite montée jusqu’à une belle vue panoramique sur les courtils, ces languettes de territoire bocager qui séparaient anciennement les parcelles de différents propriétaire, tout en garantissant un accès à la route pour chacun.

Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

Les moutons Shetland, un peu à mi-chemin entre le mouflon et le mouton qu’on doit tondre, perdent spontanément leur laine qui est apparemment de très bonne qualité. Sur les îles Shetland, d’où ils sont originaires, les habitants ont sélectionné des moutons dont la laine est blanche, pour qu’elle prenne mieux la couleur des teintures. Ils arrachent alors la laine au moment où elle est prête à tomber. Ici Thierry ne l’exploite pas puisque ce n’est pas son intérêt.

Moutons Shetland, Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

C’est grâce aux sensibilités digestives, à l’appétence ou encore au piétinement propres à chaque espèce, que l’on voit s’installer ce qu’on appelle : une mosaïque d’écosystèmes à l’origine d’une diversité d’habitats pour des tas d’espèces.

Les chevaux Camargue, contrairement aux vaches, ont des incisives solides et sur leurs deux machoires. Ils sont donc capables de couper des végétaux coriaces comme les joncs, et de faire des tailles bien rases. En plus, leur système digestif leur permet de tirer profit d’une alimentation de fourrage relativement pauvres.

Cheval Camargue, Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

La pression du pâturage extensif par différentes espèces d’herbivores, ici chevaux, vaches et moutons, permet d’obtenir une diversité dans la prairie, là où la mécanisation tend à l’uniformité.

Sur la réserve des courtils de Bouquelon, les animaux vivent en semi-liberté. Ce qui veut aussi dire que pour trouver les grosses bébêtes dans ces vastes espaces bien trempés, on a dû patauger un peu.

Vaches Highland, Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

Les vaches Highland résistent très bien à l’humidité, au parasitisme et peuvent passer l’année entière en extérieur sans avoir besoin d’être abritées… idéales pour les conditions spécifiques du d’une zone humide.

A l’heure actuelle, le marais vernier compte environs 1 vache par ha : on parle alors d’élevage extensif, en opposition à de l’élevage intensif (mais ça vous auriez pu le deviner). Si elles étaient plus nombreuses, elles risqueraient de tout manger et on perdrait de la diversité. Si elles étaient moins nombreuses, elles ne pâtureraient pas assez et le marais pourrait devenir une friche.

Les cigognes blanches

Les moutons Shetlands, les chevaux camargue, les vaches highland, les mozaiques d’écosystèmes constituées grâce au pâturage écologique… Font du marais vernier une réserve biologique qui fait rêver les naturalistes !

Mais je vous ai gardé le plus wow pour la fin !!!

Les cigognes d’Europe de l’ouest avait longtemps été considérée comme nuisible et furent décimée ; jusqu’à 1976, où elles ont obtenu le statut d’espèce protégée. Dès lors, elles ont pu doucement regagner ces territoires, dont la France. Elles passaient par le marais pendant leur migration, et puis la construction de plateformes propices à leur installation a fini de les séduire et elles s’y installent chaque année depuis.

 

Donc les cigogneaux ont besoin de protéines et de nourriture facile à ingérer, donc sans plume, sans os, sans écaille… Or il se trouve, par un heureux hasard, que les prairies pâturées favorisent la densité de vers de terre, super riches en protéines et très simples à assimiler.

Cigognes blanches, Marais Vernier ©AlexandreAsmodé

Conclusion

Ça faisait longtemps qu’on voulait vous proposer des formats vidéo un peu entre les documentaires Arte, dont on est tant friands, et les VLOG Youtube sympa et détendus.

J’espère que ça vous aura plu.

En tous cas, nous on s’est émerveillés devant le marais vernier lors de notre visite en mai 2021. Et j’ai pris beaucoup de plaisir à préparer cette vidéo pour, je l’espère, vous faire découvrir l’importance des zones humides et les enjeux du pâturage écologique pour la biodiversité.

Ecouter le podcast

Et si le sujet vous a intéressés et que vous avez envie d’approfondir, j’ai [Alexandre] enregistré un épisode de notre podcast Poids Plume avec Thierry.

On parlera de son parcours, de la thèse qu’il a réalisée avec sa compagne botaniste, des notions de climax forestier, de restauration et de conservation des espaces naturels par le pâturage extensif, de SA méthode d’élevage en détails… et de pleiiiins d’autres sujets passionnants.

Aloooors bonne écoute !

Voilà, j’attends avec impatience vos retours en commentaires. Pensez à vous abonner à notre chaîne Youtube et à lâcher un piti pouce bleu. Ça nous fera… bondir de joie !

Allez je vous laisse là-dessus, et on se retrouve fin mars pour la prochaine vidéo.

Vous pouvez regarder la vidéo ici